Le texte suivant est un résumé des principales idées développées par Albert Dupontel lors de son interview chez Thinkerview ayant comme sujet : « Adieu les cons, transhumance suicidaire ? »
Burn-out et maladie professionnelle
La façon excessive et délirante de travailler crée des maladies professionnelles.
Par exemple : les ébénistes souffrent du cancer des sinus, les agriculteurs, le cancer du pancréas dû aux pesticides, sans parler du stress lui-même. Dans le film « Adieu les cons« , c’est une coiffeuse qui développe une maladie auto-immune à cause des laques inhalées durant ces années d’activité.
De l’autre côté, il y a cet informaticien de talent qui vient de se voir refuser une promotion, alors qu’il a consacré sa vie au travail. Forcément, il part en burn-out et tente même de se suicider sur son lieu de travail.
Dans le monde professionnel d’aujourd’hui il y a beaucoup de bonnes volontés qui sont souvent mal orientées.
Il y a aussi beaucoup de personnes comme cet informaticien, confiné intérieurement. Ces personnes sont très fortes dans ce qu’elles font, mais ne savent plus dire « je t’aime ».
Alors que « je t’aime » c’est la base, mais par les temps qui courent, on a de plus en plus de mal à le dire.
Qu’est-ce qui permet aujourd’hui de se réfugier d’un monde qu’on ne comprend pas ? C’est le virtuel. Et dans ce virtuel on est souvent meilleur par rapport à la réalité que l’on côtoie tous les jours.
Conséquences de ces délires du 21e siècle
Nous sommes tous éduqués pour participer au troupeau plutôt que de prendre le temps de comprendre ce qui se passe en nous. Sauf qu’aujourd’hui le troupeau est suicidaire dans son délire d’avidité et de frénésie.
Comme les personnages de ce film, nous sommes en majorité bien intégrés à la société, mais cette maladie et ce burn-out vont mettre les personnages en marge. Ce qui leur permettra de se rencontrer intérieurement et physiquement or, c’est principalement cela que les dominants détestent.
Les élites
Il y a les religieux qui nous expliquent que la mort, c’est bien. Alors on nous donne des manuels : la Torah, le Coran, la Bible, le Nouveau Testament.
Les marchands, qui sont aujourd’hui archi dominants, qui n’ont d’autres buts que de nous transformer en consommateur. C’est pratique, on ne pense à rien, consommons, consommons !
Et puis les politiques, très égomaniacs qui arrivent au pouvoir et qui expliquent la vie.
Une chance d’amélioration
Avec la crise de la COVID et le premier confinement, on aurait pu croire à une prise de conscience très forte, que les choses allaient changer, mais non, le monde d’avant va mettre beaucoup de temps à disparaitre
C’est une course contre la bêtise humaine et la nature. Cette dernière est très contrariée : canicules tous les étés, inondations, tempêtes. Pourtant, les solutions existent.
L’école actuelle est un système élitiste, c’est malheureusement celui qui accélère le réchauffement de la planète. Laborit disait « l’intelligence se fout de la compétition ».
Mieux vaudrait privilégier l’éducation alternative. à ce moment, dans 20 ans on aura des gamins qui résonneront totalement différent, y compris les gamins des ZEP.
Mettre la religion à distance, mettre la consommation à distance, mettre les différences à distance. Il y a des écoles où 20% des effectifs doivent être des gamins handicapés. Il n’y a pas mieux pour lutter contre les différences.
S’il y a un truc à changer pour que la situation s’améliore, c’est l’éducation. La pédagogie est quelque chose de très important.
Le problème c’est qu’aujourd’hui, on ne partage plus la même culture. La mondialisation a créé un repli identitaire très fort.
Ne plus partager la même culture, c’est ne plus partager la même identité.
Que penser des politiques aujourd’hui ?
Je ne pense pas que ce soit des méchants qui se réunissent la nuit pour dire « on va se moquer du peuple ». Ce n’est tout simplement pas des gens formés pour gérer les crises environnementales et/ou celle liée à un virus.
Ce qui est étonnant, c’est l’aplomb qu’ils ont à dire tout et son contraire en quelques jours.
Ce sont de grands narcisses très sûrs d’eux, ils n’ont pas l’humilité de dire « excusez-nous, on ne sait pas » ou encore « désolé, nous n’avons pas de masque, on va en faire. »
Généralement, ils sont brillants, mais pas toujours intelligents. Moi, quand je fais un film et que je vois que les rushes ne sont pas bons, je les change. Avec la politique de Macron, ça fait 3 ans que les rushes ne sont pas bons.
L’écologie dans la politique
C’est incompréhensible de remettre en circulation des pesticides pour la filière de la betterave alors qu’ils peuvent trouver des milliards pour les banques.
Ces gens qui ont eu la chance ce faire de grandes études, devraient mettre l’écologie au centre des débats, plutôt que de se foutre sur la gueule.
L’intelligence est là, mais elle ne veut pas s’exprimer. Les égos sont au-dessus de l’intelligence. C’est le drame de la politique française.
Le politique idéal serait celui qui a une tolérance zéro à ce sujet, celui qui va protéger les écosystèmes et comme on est super fort en économie, ne vous inquiétez pas on va trouver des sous.
Et puis, je ne comprends pas que dans ce monde hyper connecté, en tant que consommateur, je suis sollicité 100 fois par jour sur ma tablette et mon smartphone, mais qu’en tant que citoyen, je suis consulté une fois tous les 5 ans.
Quand je vois une manif, je vois des pauvres qui tabassent des pauvres, pour protéger des gens infiniment plus riches, qui n’ont même pas à subir les conséquences de ça.
Petit tour d’horizon de la société et des médias
En quelques années, j’ai vu la parole médiatique changée. Avant, tous les organes d’informations étaient plus critiques, aujourd’hui ils sont dans une parole unique qui va souvent dans le sens du pouvoir.
La parole médiatique est maintenant dans les mains de quelques personnes et ça se voit beaucoup.
Pour revenir sur l’épisode de Macron, qui expliquait que la 5G serait installée pour ne pas revenir à l’époque des amishs, notre président devrait regarder le film « Witness » de Peter Weir.
On voit que leurs valeurs pacifistes, altruistes et humanistes, des valeurs que l’on a perdues, vont régler les problèmes. Donc plutôt que de se moquer, ça serait bien de s’intéresser à ce que font ces gens.
La société de surveillance
Adieu les cons c’est la difficulté de s’aimer dans un monde répressif et anxiogène, et la surveillance technologique est anxiogène.
Il n’y a pas longtemps je fais une partie de pétanque avec mes amis, le téléphone dans la poche et le lendemain j’ai de la publicité pour la pétanque. On se dit : qu’est-ce qu’ils font ? Ils nous écoutent ?
Évidemment ce ne sont pas des mecs avec des casques, mais des algorithmes qui nous orientent vers des possibilités de consommation. C’est anxiogène, indécent, obscène, je ne me sens pas bien.
Le problème c’est que je n’arrive pas à m’en passer. Les livres et les DVDs dont je vous parle, je les trouve sur Amazon. C’est pas bien de passer par Amazon, mais qu’est-ce que c’est pratique.
Pourquoi il n’y a pas des plateformes européennes qui pourraient faire aussi bien ? Je ne comprends pas, ça me dépasse complètement.
Le monde tout connecté à la Elon Musk, on en fait quoi ?
Tout dépend de ce qu’on fait du progrès. J’ai une voiture électrique, une petite Hyundai, je trouve ça pratique, tout en sachant qu’effectivement c’est plus lourd qu’une voiture normale, mais je diffuse moins de CO2 quand je roule.
Les hommes comme Elon Musk sont des génies, mais des génies fous. Le progrès qu’ils amènent est intéressant, mais qu’est-ce qu’on en fait ?
L’hyper surveillance, c’est très choquant. Est-ce que c’est utile de dépenser autant d’argent pour aller sur mars alors qu’on en a besoin sur terre ?
Elon Musk c’est l’incarnation de la culture américaine : juvénile, dynamique, mais totalement irresponsable.
Le mot de la fin
Les marchands nous montrent la laideur du monde, ils nous transforment en consommateurs, ce qu’on a de plus laid dans notre comportement social.
Alors que les beaux films, les grands bouquins, les musées, l’architecture, les grands de ce monde Hugo, Flaubert, Bach, Mozart, tout ça est là pour dire : on n’est pas que ça.
On n’est pas que ce petit animal qui cherche à boire, à manger, à copuler, on est plus que ça !
Quand j’écoute un morceau de Mozart, je me dis qu’il y a forcément autre chose, quelque chose que je ne peux pas capter, que je ne peux pas voir.
Gardons en tête que l’éducation est une énorme solution pour ce monde.
Les 3 livres recommandés par Albert Dupontel
- L’éloge de la fuite de Henri Laborit
- Inégalité de Jarde Diamond
- Les travailleurs de la mer de Hugo
Les 3 films recommandés par Albert Dupontel
- Being There de Hal Ashby
- Un condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson
- Brazil de Terry Gilliam
Conseils pour la jeune génération
Bonne chance, les gars, moi j’ai fait mon temps !
Plus sérieusement, ne regardez pas la télé, allez de temps en temps sur Internet pour regarder des chaines comme Thinkerview et puis cultivez-vous, mais pas dans le sens scolaire. Allez voir des grands films, de grands tableaux, regardez la nature, et à défaut d’y aller, regardez des documentaires. Soyez vous-même, faites-vous confiance, trouvez-vous.