Chef : Le film qui prouve que suivre ses envies change tout

L’histoire d’un chef étoilé dont la vie minable prend fin quand il renoue avec ses envies.

Chef, film de Jon Favreau, sorti en 2014, passé inaperçu en France, mérite pourtant largement d’être vu bien au-delà de ce que j’écris ici pour éviter de trop en dévoiler.

D’abord par ceux enlisés dans une situation pourrie qui ont besoin d’une dose de positivité et d’espoir. Puis par tous les autres qui ont envie de passer un moment rafraîchissent et léger. Un vrai feel good movie sans jamais tomber dans le gnangnan.

Ici, je te livre mon analyse, sans spoiler. Voilà ce qu’on peut en retenir.

Enfermé dans le mauvais salariat

Carl Casper, audacieux chef prometteur, n’a pas vu passer les dix dernières années de sa vie au service d’un patron de restaurant qui lui dicte le menu à suivre sans possibilité d’innover.

Ce dernier est très clair : Garde ta créativité pour ton temps libre. D’autres chefs ont travaillé dans cette cuisine. D’autres y travailleront après toi.

On dirait que Carl a oublié que la majorité des gens font un travail pour lequel ils pourraient être remplacés en une semaine. Et ça, son patron lui rappelle très adroitement.

Pour notre chef cuistot s’en est trop. Il ne fera pas le service du soir et claque la porte.

Une vie minable n’arrive pas par hasard

Le personnage le dit lui-même : je suis un vieux divorcé, qui n’a pas un sou et habite un appartement de merde.

Il subit le rythme de la garde partagée de son fils. Leurs sorties se résument aux parcs d’attractions et à des séances de cinéma. Tout ça est superficiel.

Comment en est-il arrivé là ? Le film ne le raconte pas. Manque d’ambition ? Peur de se lancer ? Ou juste manque de moyen ? Peu importe, le résultat est le même : il s’est perdu en route.

Heureusement, son ex-femme est tout l’inverse d’une connasse et tente de lui ouvrir les yeux : Tu ne seras jamais satisfait de cuisiner pour quelqu’un d’autre.

La vie pousse Carl de manière abrupte, à faire ce qui l’aurait dû faire il y a bien longtemps : voler de ses propres ailes.

Je n’aime pas comment c’est arrivé, mais je suis heureux que ce soit arrivé.

La cuisine, l’ultime activité du bonheur

Soyons clair, le film aurait pu être écrit avec n’importe quel métier créatif, mais pourquoi est-ce que ça fonctionne aussi bien avec la cuisine ?

Une réponse bateau serait de dire « parce que la cuisine, ça parle à tout le monde ». En fait, c’est plus subtil que ça.

Pour m’intéresser au bonheur depuis des années, j’ai beau avoir cherché, je ne trouve pas de meilleure activité de partage entre amis et famille.

Christopher McCandless le disait dans Into The Wild : « Le bonheur n’est réel que lorsqu’il est partagé. »

Il n’y a pas d’autres activités que la cuisine qui permette autant de partager et vivre le moment présent.

Et le fils de Carl s’en rend compte tout de suite : Je trouve ça cool qu’on soit ensemble et qu’on parle. Qu’on apprenne à se connaître.

Fini la relation père/fils superficielle.

Renouer avec ses envies pour remettre sa vie sur les rails… À condition que ça fonctionne…

Rappelons-le, Chef est un feel-good movie. Pas question de s’attarder sur les galères, la caméra préfère mettre en avant le positif.

Si, après sa démission, Carl s’était retrouvé à enchaîner les échecs sans jamais rebondir, on ne repartirait pas du film avec la même énergie. Et pourtant, dans la vraie vie, combien de personnes (moi y compris) ont déjà tenté de suivre leurs envies sans que ça fonctionne comme prévu ?

Le message du film est clair : il est essentiel d’écouter ses envies pour apprécier la vie. C’est exactement ce que j’expliquais dans mon article Message aux paumés. Mais que faire si, malgré tous nos efforts, ça ne marche pas ?

C’est frustrant, certes, mais ce n’est pas une fin en soi. Il y a toujours un entre-deux à trouver. Même si on n’atteint pas précisément son objectif, il est possible de s’en approcher. Pour Carl, ça aurait pu être de retourner en cuisine avec un patron plus ouvert à sa créativité.

L’essentiel, c’est d’avoir essayé, car au bout du compte, mieux vaut des souvenirs d’audace que des regrets d’inaction.

C’est ce qu’a traversé le réalisateur au moment du film

Le réalisateur du film, Jon Favreau, qui n’est autre que notre chef à l’écran, a lui aussi dû repartir de zéro.

Avant Chef, Jon Favreau était aux commandes d’Iron Man 1 et 2. Il devait réaliser le troisième opus, mais après l’accueil mitigé du deuxième, le projet lui a échappé. Hollywood, comme le patron du restaurant dans le film, préfère miser sur des recettes éprouvées plutôt que de laisser place à l’expérimentation.

Au lieu de se conformer, Favreau a choisi de revenir à un cinéma plus personnel, plus authentique. Il a pris la caméra, écrit son propre script et s’est lancé dans Chef, un projet indépendant, libre, à son image.

En somme, il a fait exactement ce que Carl Casper finit par faire : reprendre le contrôle, suivre son instinct et retrouver le plaisir de créer.

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