« Ciao Paris » est un podcast créé par Valérie Bauhain afin de regrouper des témoignages de ceux qui ont réussi à quitter Paris. L’article qui suit est une synthèse des 8 premiers épisodes disponibles, agrémentée de réflexions personnelles.
La crise du COVID-19, un déclic pour la majorité des intervenants
« Est-ce que je veux prendre le risque d’être reconfiné ici, si autre confinement il y a ? ». Cette question, beaucoup de Parisiens se la sont posée à la sortie du premier confinement. Normal, quand tu vis dans un petit appartement mal isolé, sans accès à de la verdure.
Enfermé toute la journée sur nos ordis à faire du télétravail, le confinement a déclenché une envie de se reconnecter à du concret. D’abord à la nature évidemment, mais également pour faire quelque chose de ses mains.
Car c’est le gros problème de Paris et de toutes grandes villes : l’activité se résume à un boulot de bureau additionné à des sorties bars/restos et centres commerciaux. Personnellement, ça ne m’a jamais fait triper d’aller tester le dernier endroit à la mode.
Avec du recul, on s’aperçoit que le confinement a enlevé une sorte de pression aux gens qui leur a permis de prendre le temps de réfléchir : est-ce que mon travail à du sens ? La réponse est souvent non. Aujourd’hui, combien de boulots sont des « bullshit jobs » ?
L’exemple le plus marquant cité par la psychologue Fabienne Kraemer, est un de ses jeunes patients qui travaille à l’obsolescence programmée. Essaye d’être heureux après ça …
En réalité, plus on réfléchit, moins il y a de raisons de rester à Paris.
Voilà les raisons qui nous poussent à quitter Paris
Au début c’est génial, on a tous une impression de liberté et l’opportunité de faire plein d’activités presque à n’importe quelle heure. Sauf que la réalité nous rattrape assez vite. Le cout de la vie à Paris est très cher.
Plus d’un demi-smic pour 11m² avec w.c. sur le palier. 15 € pour un cocktail. 17 € pour un plat dessert sur une petite table qui peut accueillir difficilement 2 assiettes. Ma conclusion aura été : Paris c’est sympa si t’es riche ou si t’es un étudiant de passage.
C’est d’ailleurs un des points communs parmi les invités du podcast : Paris devait simplement être une étape dans leur vie. Certains sont juste restés plus longtemps que prévu.
Pour en revenir au cout de l’alimentation et donc faire des économies, on se tournera forcément vers des solutions moins onéreuses mais alors là, attention aux pièges.
L’agroalimentaire n’a aucun intérêt à bien nous nourrir
En prenant un peu le temps de s’intéresser au sujet, on se rend vite compte que globalement, on nous vend de la m****.
Déjà mieux vaut éviter les produits transformés, car bourrés de conservateurs et de stabilisants. Quant aux fruits et légumes, ils sont bourrés de pesticides. Du coup on fait quoi ? On achète bio, c’est mieux que rien.
En vrai, le must serait de cultiver quelques trucs nous même, qu’on pourrait échanger avec le voisin, mais comment faire ça dans un appartement, que ce soit à Paris ou ailleurs ?
C’est pour cette raison que de plus en plus de personnes veulent une maison avec un jardin.
Car l’erreur que l’on fait en vivant à Paris est de croire que la nourriture sera toujours accessible. Ce qui ne pourrait pas être le cas lors d’une crise majeure.
Et puis avoir un potager, c’est savoir faire quelque chose de ses mains.
Que sais-tu faire de réel ? Construire ? Réparer ? Cultiver ?
La psychologue Fabienne Kraemer (encore elle), raconte lors d’un voyage en Afrique, elle a observé dans un village que tout le monde savait faire quelque chose de ses mains.
De ce fait, elle s’est posé la question : et moi ? Qu’est-ce que je sais faire de concret ?
En partant de Paris pour un coin de campagne, cela t’obligera à développer des compétences manuelles. Et crois-moi par les temps qui courent, ça ne peut être que bénéfique.
Pour rappel, cet article est publié dans la catégorie « collapsologie heureuse« . Cependant, les raisons de quitter Paris peuvent être bien plus simples.
Les 5 autres raisons de rompre avec Paris
- trajet du travail trop long ou fatiguant
- la vue sur des immeubles gris (et jamais l’horizon)
- la pollution de l’air, sonore et la densité d’habitants
- entamer une reconversion professionnelle
- retrouver ses racines
Alors, prêt(e) à quitter Paris ?
Concrètement, comment quitter Paris ?
C’est simple : tout va dépendre de ta personnalité. Il existe essentiellement 2 profils : les aventuriers et les prévoyants.
Les aventuriers
Généralement, ce sont ceux qui ont déjà pas mal bougé dans leur vie. Ils ont étudié à l’étranger ou y ont même vécu en tant que salariés ou entrepreneurs. L’aventurier est habitué aux déménagements, ce qui sous-entend qu’il a peu d’affaires, donc peu de cartons à bouger. Son vécu et sa faible possession matérielle font qu’il peut prendre des décisions très rapidement et quitter Paris en un rien de temps. Cf l’épisode 7 du podcast où Anaïs Prétot a déménagé sa société en 3 mois.
Typiquement, l’aventurier c’est celui qui peut tout plaquer du jour au lendemain et débarquer dans une ville où il ne connait personne.
Les prévoyants
À l’inverse, les prévoyants sont ceux qui ont besoin de prendre leur temps pour réfléchir et de prévoir, afin d’être rassurés. Très souvent, le prévoyant va passer par une phase de transition comme : garder son emploi actuel, mais faire du télétravail depuis son nouveau chez lui. Si ce n’est pas du télétravail, alors ça sera des allers-retours entre sa nouvelle province et Paris.
En fait, soit le prévoyant a vécu longtemps au même endroit et il est donc difficile d’en partir. Soit le prévoyant à une famille et dans ce cas, la décision ne se prend pas à la légère. Il se peut également que le prévoyant déménage parce qu’un des deux conjoints à trouver du travail en province et/ou pour y retrouver des amis déjà sur place.
Si tu es encore ici, tu es probablement un(e) prévoyant(e) – comme moi. Un aventurier serait déjà en train de faire ses cartons 😉 Alors, voici quelques autres points à vérifier pour te rassurer.
Avoir un projet – déménager n’est pas un projet
Déménager pour déménager est surement le meilleur moyen de retrouver ses problèmes une fois sur place. Il ne s’agit pas de fuir, mais de désirer un nouveau projet. C’est à ce moment là que l’on peut rêver le plus, trouver ses désirs et les suivre.
Changer de travail pour un ayant plus de sens ? Une reconversion professionnelle ? L’inscription à une formation ?
Bref, comment tu t’imagines dans 5 ans ?
Choisir le lieu
Choisir une ville ou un bout de campagne où l’on se sent à sa place. Ou au moins plus en adéquation avec ce que propose le nouveau lieu.
Stéphane Édouard expliquait dans son séminaire « fabriquer la chance », qu’un de ses amis n’avait jamais eu de chance. Il lui arrivait toujours les pires emmerdes. Mais le jour où il déménagea pour une ville qui lui convenait mieux, toutes les planètes se sont alignées. Pour ainsi dire, du jour au lendemain, ce type passa du mec « poissard », à celui qui avait de la chance.
Il est donc primordial de choisir un lieu qui résonne en nous.
Rester accessible depuis Paris
Plusieurs invités du podcast ont évoqué le fait de déménager dans un endroit qui reste facilement accessible depuis Paris (souvent en référence aux trains). Soit pour effectuer plus facilement une période de transition, soit parce qu’ils ont encore un lien avec la capitale.
Effectivement, partir de Paris ne veut pas dire « disparaître ». On peut très bien vouloir habiter dans un lieu moins peuplé sans vouloir s’isoler. Ne pas confondre solitude et isolement.
D’ailleurs, si ton budget le permet, n’hésite pas à prendre une chambre en plus dans ton futur logement pour que tes amis et ta famille viennent te voir.
Notes personnelles
Après cette synthèse, le scénario le plus simple pour une personne qui n’oserait pas se lancer serait d’aller chercher un travail là où ses amis habitent déjà. Ce scénario résoudrait deux problèmes : le projet de partir grâce au travail, et l’évitement de l’isolement grâce à ses amis.
Cependant, je suis surpris qu’aucun des invités ne parle de barrières psychologiques à briser. Pour une personne ayant passé toute sa vie en région parisienne, il est très difficile d’aller au-delà de l’idée de laisser famille et amis et derrière.
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Photo Jeffrey Czum