« Goodbye, Things » de Fumio Sasaki, la conférence

Le texte suivant est une traduction résumée, de la conférence « Goodbye, Things: The New Japanese Minimalism« , donné par Fumio Sasaki lors des « Season, Talks+ Programs » à la Japan Society.

Serais-tu heureux si tu gagnais au loto ?

Il existe des études sur les gagnants du loto.

Durant les premiers mois, c’est l’euphorie, ils en profitent pour acheter ou remplacer des choses, mais après quelques mois, leur niveau de bonheur revient à son état initial, c’est-à-dire avant d’avoir gagné.

C’est parce qu’ils se sont habitués à la nouveauté.

Peu importe les bonnes ou les mauvaises choses qui nous arrivent, on finit toujours par retourner à notre état initial.

Donc ce qui importe, c’est ton état d’esprit de base. Es-tu quelqu’un de pessimiste ou d’optimiste ?

Ce qui peut être difficile en gagnant au loto, c’est le changement de relations avec les autres. Cela peut créer des conflits, voir même de la distance.

Je reviendrais sur ce point plus loin, car nos relations avec les autres à un grand impact sur notre bonheur.

Et tout ça à cause de l’argent ?!

L’argent, le statut et les possessions

Aujourd’hui, dans l’inconscient collectif, pour être heureux il faut avoir : beaucoup d’argent, être important par son statut social et posséder les plus belles choses.

Le « truc » avec ces choses, c’est qu’on finit toujours par s’y habituer. Même si on a gros salaire et une grande maison.

Et que se passe-t-il quand on s’habitue à quelque chose ? On se met naturellement à désirer de la nouveauté !

Le statut et la notoriété peuvent aussi être mesurés en chiffre avec le nombre de followers que vous avez sur les réseaux sociaux.

Ce qui est mesurable en chiffre, peut devenir facilement un objectif.

Et parce que ce sont des chiffres, il est facile de se comparer aux autres.

Or, se comparer est le début du malheur.

Qu’est-ce que le bonheur ?

Sais-tu qui vivait dans cette pièce ?

C’était la chambre de Gandhi.

Avec sa notoriété et son charisme, il aurait pu revendre ses affaires et se faire beaucoup d’argent, mais il ne l’a pas fait. Pourquoi ?

Savais-tu également que mère Thérésa ne laissa quasiment aucun objet, à sa mort ?

Durant sa vie, elle reçut le prix Nobel de la paix, accompagné de 3 chèques dont le montant total était de 269 000 dollars, qu’elle dépensa uniquement pour les pauvres.

Pourquoi n’a-t-elle pas acheté le dernier sari à la mode ou tout simplement une nouvelle paire de sandales ?

Enfin, le minimaliste ultime fut Bouddha.

Bouddha était le prince de Shakyamuni et avait trois châteaux.

Il pouvait faire la fête tous les soirs avec des femmes magnifiques et la meilleure nourriture qui soit.

Mais il dit qu’il n’était pas satisfait, qu’il cherchait quelque chose de plus, alors il envoya tout balader en laissant femmes et enfants.

Les choses pompaient toute mon énergie et mon temps

J’aimais acheter un tas d’affaires. J’aimais collectionner les choses.

Ma passion c’est la photographie. J’avais beaucoup de matériel, des appareils, des objectifs.

J’avais également des tas de livres, environ 1000. Pareil pour les CDs et DVDs.

J’avais également des instruments de musique dont je ne savais même pas jouer.

J’aimais vraiment acheter des affaires, j’ai même réussi à faire une tour Amazon.

Photo d’illustration depuis le site GeekWire.com

Sauf que la joie d’acheter toutes ces choses disparaissait dès que j’avais ouvert la boite.

De plus, je n’arrivais pas à organiser toutes ces affaires. Ça me stressait. Alors pour me détendre le soir, je ne faisais que regarder des films, boire et jouer aux jeux vidéos.

J’avais l’impression que mes affaires me parlaient : nettoie-moi, range-moi, prends soin de moi. Bref, c’était une charge mentale silencieuse.

Je ne pouvais même pas nettoyer mon appartement, il était très sale.

Je me sentais comme un bon à rien, je me détestais.

Ma vie stagnait, j’aurais voulu déménager, mais c’était trop difficile de bouger toutes ces choses.

J’ai fini par découvrir le minimalisme, qui a été une révélation pour moi. J’ai logiquement et progressivement commencé à vendre mes affaires, ça m’a pris des années.

Ce que j’ai gagné à être minimaliste

1 – J’ai plus de temps

Je fais moins les courses. Nettoyer mon appartement est plus simple et plus rapide.

J’ai arrêté de scruter les détails techniques de certains produits, pour les comparer. Ce qui normalement prend beaucoup de temps.

Lors de mes voyages, au lieu de planifier l’achat de souvenirs, je prends le temps d’apprécier mon séjour.

Le temps à chercher des affaires est également réduit. Il parait que les gens passent en moyenne 10 minutes par jour à chercher quelque chose. Par exemple : où est la télécommande ?

En réduisant les choses, j’ai pris conscience que le temps est très précieux.

La notion du temps

Le jour où j’ai vu quelqu’un courir pour avoir son train m’a fait penser à quelque chose.

Quand quelqu’un à l’air heureux, c’est parce qu’il prend un café avec des amis ou est en vacances. C’est un moment avec une abondance de temps.

Nous apprécions ce temps, car pendant ces moments-là nous ne sommes pas submergés par le boulot ou les tâches quotidiennes.

Quand on est occupé, on ne peut pas être bien veillant en vers les autres et on peut devenir agressif.

Donc la première condition au bonheur est : avoir du temps.

On pense qu’on achète les choses avec de l’argent, mais on achète les choses avec notre temps.

Quelqu’un qui économise 100 € par mois et qui achète quelque chose à 300 €, il ne l’achète pas avec 300 €, mais avec 3 mois de sa vie.

Quand tu vois le temps de cette manière, tu commences à penser autrement.

2 – Plus de liberté

Par exemple : plus de liberté dans le choix de mon logement.

Je vivais dans un 9m² et je ne pensais pas pouvoir vivre dans un espace plus petit.

J’ai déménagé de Tokyo à Kyoto et voici l’image du déménagement.

On voit la photo d’un coffre d’une petite voiture, ouvert, avec quelques cartons.

Toutes mes affaires ont été impactées dans la petite voiture de mon ami. La préparation du déménagement a pris 30 minutes, je peux déménager quand je veux.

Voici ma nouvelle chambre, mon loyer est d’environ 260 $.

Fumio Sasaki

Il y a de petits inconvénients, mais je vis proche de la nature et je fais un boulot que j’aime faire.

L’argent que je dépense pour le loyer a été grandement réduit.

Quand le loyer, qui est la dépense la plus importante, devient plus léger, le cout de la vie devient plus bas.

On peut appeler ça : le « minimal life cost », le montant minimal nécessaire pour apprécier la vie.

Dans mon cas, j’ai besoin de 1200 $ par mois.

Grâce à ça, je n’ai plus besoin de trop penser à l’argent.

Je n’ai plus besoin de travailler pour un boulot en ville juste pour garder mon mode de vie.

Aujourd’hui, il y a plusieurs expériences sur les nouvelles façons de vivre.

Par exemple, l’écocapsule fabriquée en Slovaquie. (Explications en français.)

3 – De meilleures relations avec les autres

Comment les choses peuvent changer en ayant moins de possessions ?

Si ma maison est moins encombrée et que je passe moins de temps à faire le ménage, je peux donc aller plus facilement dehors, passer plus de temps en voyage, ou en activités externes, ou à rencontrer des amis.

En d’autres termes, je dépense plus d’argent dans des expériences que dans des objets.

Je pense qu’un minimaliste est quelqu’un qui réduit ses possessions pour quelque chose de plus important.

La plus longue étude sur le bonheur

Il existe une étude sur le bonheur qui a duré 75 ans.

Pendant 75 ans, tous types de profils ont été analysés : de l’étudiant d’Harvard à l’ouvrier sur les chantiers.

Cette étude montre que le bonheur est lié aux relations qu’on a avec les autres.

On pourrait prévoir l’état de santé de quelqu’un à ses 80 ans, en regardant l’état de ses relations à ses 50 ans.

Quand tu repenses à un des moments les plus heureux de ta vie, c’était quand tu as acheté ce nouveau truc ou ce moment que tu as partagé avec quelqu’un ?

J’ai laissé partir beaucoup de choses, mais le plus dur était d’abandonner l’idée que l’argent et la gloire étaient le plus importants.

J’ai aussi abandonné l’importance de ce que pensaient les gens de moi.

Rien ne nous oblige à être minimalistes jusqu’à la mort.

Ce que j’ai vraiment gagné avec le minimalisme, c’est d’être heureux dans mes relations avec les autres.

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