Foutez-vous la paix : arrêter de trop penser

Je pense trop

D’après Internet, je serais un HPI (Haut Potentiel Intellectuel).

Un terme devenu tellement à la mode que tous les gourous du web se sont engouffrés dedans pour nous vendre tout un tas de produits.

Jette un œil à la recherche « haut potentiel » sur YouTube, ça fait peur.

Le haut potentiel pense trop et analyse tout, tout le temps. En l’espace de 10 secondes, je peux avoir 3 pensées différentes sur 3 sujets différents. C’est épuisant.

Très sincèrement, je me fous de savoir si je suis un vrai haut potentiel, j’aimerais juste arrêter de trop penser et me sentir plus léger, plus en paix.

La paix chez les moines

Puis, il y a cette semaine de janvier 2018, qui m’est revenue en tête, où j’avais séjourné chez les moines de Saint-Wandrille.

Pendant une semaine j’ai vécu comme eux. Lever vers 5h du matin, couché à 22h.

À la fin, sans vraiment le vouloir, j’ai complètement lâcher-prise.

Il n’y avait plus rien à penser, plus de charge mentale avec toutes les tâches à faire. Juste suivre leur rythme.

C’est peut-être la première et dernière fois depuis 15 ans, que j’ai ressenti ce sentiment de paix.

Il y a ici un sujet à creuser.

Foutez-vous la paix, encore du développement personnel ?

En faisant mes recherches sur le sentiment de paix, je suis très vite tombé sur des contenus liés à la religion. Normal, me diras-tu.

Mais je suis également retombé sur un livre que j’avais déjà croisé : « Foutez-vous la paix » de Fabrice Midal.

C’était toujours début 2018 puisqu’à cette époque je venais d’obtenir une rupture conventionnelle et je me cherchais moi-même.

Quand j’avais croisé ce livre – au Furet du Nord de La Vache Noir – je n’avais même pas pris la peine de le feuilleter.

Ma réflexion a été « un nième livre de développement personnel qui ne changera pas ma vie ».

Sauf que ces jours-ci j’étais en recherche, il fallait donc redonner une chance à ce livre.

Un contenu sous-coté

J’ai d’abord parcouru ce résumé très sympa par son illustration.

Puis ces 3 vidéos de Fabric Midal, tournée à l’école de la méditation, qu’il a lui-même fondée :

Après l’écoute de ces vidéos, je pense que « foutez-vous la paix » est un concept puissant, car simple, mais difficilement compréhensible, donc difficilement vendable.

De ce fait, il n’a pas le succès qu’il mériterait d’avoir.

Les explications de foutez-vous la paix, vont à l’encontre de tout ce qu’on nous a appris.

C’est quoi se foutre la paix ?

On vit dans une époque où on a l’impression de ne jamais en faire assez.

Qu’on est jamais assez bien.

Qu’on peut toujours mieux faire : dans le boulot, dans le couple.

Merci le développement personnel et son injonction de « devenir la meilleure version de soi-même ».

Vouloir tout faire parfaitement, c’est la meilleure façon de ne pas se foutre la paix !

On est arrivé à un point où on ne peut même plus se coucher le soir en disant : j’ai fait tout ce que j’avais à faire.

Alors on se tend encore plus, on fait toujours plus d’efforts, on ne lâche rien.

La maladie de notre temps, c’est le burnout, et le burnout c’est l’impossibilité de se foutre la paix.

On a l’impression que si on se fout la paix, tout va s’effondrer, que notre vie sera le néant.

Se foutre la paix c’est s’autoriser à dire « ça va », sans aucune raison.

De plus, on commence à prendre conscience que même si on fait tout parfaitement, on ne contrôle pas tout, donc au final, ça ne sert à rien de s’inquiéter.

Concrètement

Se foutre la paix, c’est un conseil immédiat, mais très ardu.

Sa meilleure explication est :

Se libérer d’une certaine pression pour réentrer dans la symphonie du monde qui ne s’ouvre que dans le moment présent.

Toute autre approche te trompe.

Voici quelques exemples concrets.

Au tennis

Je regarde le tennis uniquement au moment de Roland Garros. Mon joueur préféré, qui malheureusement approche de la retraite, est Federer.

Si tu veux voir ce qu’est se foutre la paix, regarde un match de Federer.

La grande majorité du temps, il est impassible, 100% dans son match ne se préoccupe pas du public et on voit qu’il prend du plaisir.

Il paraitrait qu’un des conseils de Yannick Noah en tant qu’entraineur avant une compétition serait : « et surtout, faites-vous plaisir ».

Tout est dit.

Un diner presque parfait

Tu connais ces personnes qui veulent que tout soit parfait quand elles reçoivent du monde ? C’est peut-être même toi.

En voulant la perfection, il est impossible de profiter de l’instant présent.

D’ailleurs, les invités le sentent. Rien de plus ennuyant qu’un hôte qui fait tout pour que ce soit parfait.

On aimerait leur dire : « Foutez-vous la paix ! Même si tout n’est pas parfait, le plus important est d’être ensemble ! »

Préparer une intervention ou un exam

Tu as déjà entendu un parent dire à son enfant avant un exam : arrête de réviser, sors un peu !

C’est vrai que réviser jusqu’au dernier moment ne sert à rien. Mieux vaut laisser le cerveau digérer et se reposer, en allant par exemple à la piscine.

Il en est de même, pour un adulte qui doit préparer une présentation ou une réunion importante.

À un moment, on lâche du l’est !

Ok, je me fous la paix, je reste dans mon canapé

Au contraire, c’est parce que tu ne te fous pas la paix que tu restes dans ton canapé.

Peut-être parce que tu as peur de finir ton projet ?

En tout cas, il y a quelque chose qui te bloque.

Se foutre la paix, ce n’est pas rien faire

C’est se libérer de la pression qu’on se met qui fait qu’on tourne en rond, qu’on ne se sent pas motivé et qu’on reste sans rien faire.

Se foutre la paix ce n’est pas non plus un exercice de relaxation ou de détente, mais c’est sauter dans la vie !

Lâcher abruptement une certaine tension pour rentrer dans la vie.

Ce qui peut aider pour ça, c’est la méditation, mais pas la méditation comme on l’entend habituellement.

La méditation pour se foutre la paix

Je parie que tu as déjà pratiqué ou tenté de pratiquer la méditation.

Souvent on a le sentiment de ne pas réussir à bien pratiquer, n’est-ce pas ?

Parce qu’on a tellement intégré qu’il fallait être efficace, pertinent et parfait que nous ayons peur d’échouer, de ne pas réussir.

Mais en fait, il n’y a rien à réussir.

À aucun moment on ne nous dit : vous devez faire ceci, vous devez faire cela. Vous aurez réussi si vous avez atteint tel état.

Non, il suffit juste d’être là.

Se relier simplement au moment présent tel qu’il est.

Pleine conscience, vraiment ?

Je parie également que tu as déjà entendu parler de la pleine conscience.

La pleine conscience, ça rassure, ça fait très sérieux, mais après ça fait peur, car c’est un peu barré et très contraignant.

La pleine conscience c’est l’antipode de se foutre la paix.

C’est l’ultime effort qu’il faudrait faire.

Quand je bois en pleine conscience, je dois me voir en train de boire, sentir le gout de l’eau et la sentir rentrer dans mon corps. C’est horrible.

La méditation devrait plutôt s’appeler méditation de pleine présence. (Pour info, les Espagnols l’ont appelée méditation de pleine attention.)

En pleine présence, je suis conscient que je bois. Point.

C’est inné

Avec la méditation d’aujourd’hui, on a l’impression qu’on a quelque chose à apprendre, qu’on ne sait pas faire, qu’il y a un chemin à parcourir.

Alors que se foutre la paix c’est inné, et c’est ce que disent les textes bouddhistes.

La méditation c’est inné. Se foutre la paix c’est inné.

Enfin dernière précision, la méditation ce n’est pas une bulle dans laquelle on rentre pour être zen, NON !

L’expérience de méditation en se foutant la paix, c’est le joueur de Roland Garros, ce n’est pas le vacancier au bord de la mer sur son transat.

En thérapie

Le point commun de toutes les thérapies est de se foutre la paix.

Un thérapeute apprend à son patient à avoir une autre perspective dans sa vie dans laquelle il est enfermé.

Retrouver la vie qu’on ne voyait plus.

Vouloir être parfait, calme, tout contrôlé, c’est s’empêcher de vivre.

Se foutre la paix, c’est retrouver la vie.

La vie, on ne la possède pas, on peut juste se mettre à l’écoute.

C’est le grand paradoxe, nous ne la contrôlons pas, nous ne la maitrisons pas, nous ne pouvons en décider.

Se foutre la paix, c’est laisser fleurir la vie en nous.

Crédit photo Harrison Haines

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